Programme et participants > Par auteur > Granget Cyrille

Le développement des formes verbales en français L2 a surtout été étudié sous l'angle de la construction d'un système aspecto-temporel, au détriment de la dimension modale (Ayoun 2013). Or, selon Bhat (1999), les études typologiques montrent que la modalité est une facette tout aussi importante d'un événement, à travers laquelle il est envisageable d'analyser les moyens aspecto-temporels. C'est ce que nous avons vérifié à travers l'analyse comparée des expressions modales et aspecto-temporelles dans les discours d'un adulte au stade de la variété de base (Klein et Perdue 1997). Le modèle de la finitude sémantique (Gretsch & Perdue 2007) offre un cadre théorique unifié pour analyser les moyens lexicaux d'ancrage temporel du contenu propositionnel de l'énoncé et les moyens d'expression de la possibilité, nécessité, ou certitude d'occurrence de la situation.

L'analyse de ces moyens assertifs dans le corpus longitudinal recueilli auprès d'un adulte lusophone sur 18 mois atteste clairement de la prééminence des expressions modales sur les expressions temporelles : alors que les moyens linguistiques d'ancrer un contenu propositionnel dans un intervalle temporel sont peu développés, les moyens d'expression de la modalité sont nombreux, et formellement et sémantiquement variés et variables. Quand bien même aucune forme de verbe modal n'est attestée dans le corpus, les modalités épistémiques et déontiques, comme en (1) et (2), sont fréquemment exprimées :

(1) /e/ cette /situatiõ/ je pense /kenepa/ /un/ bonne communication /ɛtr/ les deux

(2) lyon /se/ /un/ équipe /kva/ /Ʒue/ /kon/ quatre vingt dix pour cent les joueurs titulaires + nous /nepa/ possib

Cette étude de cas montre ainsi la richesse sémantique du système modal d'une variété langagière caractéristique de la variété de base et suggère d'analyser les quelques marqueurs temporels et aspectuels rencontrés à ce stade (maintenant, toujours) sous l'angle modal.