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Une zone de contact entre modalité épistémique et évidentialité : le futur concessif en italien et sa traduction en français
Laura Baranzini  1@  
1 : FNS suisse, Università di Torino

L'italien présente un emploi du futur particulier, dit ‘concessif', qui est absent dans un bon nombre de langues qui connaissent cependant l'emploi dit « épistémique » de ce temps verbal :

Sarà bella, ma è nubile. (www.ilgiornale.it)

[Elle être-FUT belle, mais elle est célibataire]

Parmi les langues les plus proches, le futur de l'espagnol connaît un même usage concessif, tandis que le futur du français ne prévoit pas l'émergence de cette lecture. Le français permet d'arriver à une interprétation de ce type au moyen d'une évaluation modale épistémique adverbiale :

Elle est peut-être belle, mais elle est célibataire.

Le futur concessif de l'italien, fréquemment considéré – explicitement ou implicitement - comme une manifestation spécifique du futur épistémique (Bertinetto 1986, Berretta 1997, etc.), est de plus en plus souvent décrit en termes d'évidentialité (notamment par Squartini 2012) ; si le futur épistémique lui-même est vu comme caractérisé par des traits évidentiels dans ces travaux, la perspective évidentielle est largement partagée pour ce qui concerne le futur concessif en particulier.

Sur la base d'exemples authentiques dans les deux langues (et de traductions du futur concessif italien) nous aimerions proposer une réflexion à propos des deux notions de modalité épistémique et d'évidentialité, pour montrer la façon dont la prise en charge du locuteur peut se construire selon les expressions choisies. Nous allons donc aborder les deux notions parallèlement (Cornillie 2009, De Haan 1999, Boye 2010) dans un système qui prévoit différents moyens d'attribution de la prise en charge du locuteur : directs et indirects, sémantiques ou pragmatiques, concernant le degré d'adhésion à un contenu ou la nature/la source du contenu lui-même. Le futur concessif observé d'un point de vue contrastif constitue un objet d'étude privilégié grâce à sa capacité d'articuler le domaine de la modalité épistémique et celui de l'évidentialité de manière complexe.



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