La structure du texte dépend des propriétés morphosyntaxiques de la langue (p.es. Skytte et al. 1999, Pavlenko 2011). En particulier, la description de l'évènement peut être conceptualisée différemment selon le système aspectuel présent dans la langue (e.g. Bylund 2011, Schmiedtovà et al. 2011). Ainsi, par exemple, dans les études contrastives, i a été observé que les locuteurs des langues avec le système aspectuel recourent moins souvent aux constructions qui soulignent le point initial/final de l'action, alors que les parlants des langues sans aspect utilisent plus souvent dans le texte un ancrage anaphorique (p.ex. a man is riding to a village) (Bylund 2011).
La présente étude est consacrée à trois langues appartenant à trois groupes linguistiques différents : norvégien (une langue germanique où l'aspect ne constitue pas une catégorie grammaticale) et russe et italien (une langue slave et une langue romane – deux langues avec un système aspectuel développé mais différent). Comment la structure textuelle d'une langue influence la structure d'une autre langue dans l'acquisition L2? Pour répondre à cette question je vais analyser les résultats des tests (narrations au passé basées sur les images) conduits avec les étudiants (Universités d'Oslo et de Moscou) de L1-norvégien et russe, apprenants de l'italien L2 (dans les deux universités). Ces données nous permettront de distinguer les traits typiques des narrations construites en L2 (italien) : les erreurs et la structure du texte influencées par L1. On verra que les adverbes prévalent dans les narrations en italien des apprenants avec L1-norvégien. En même temps ces apprenants (à différence des apprenants avec L1 russe) ne distinguent pas entre les actions du premier plan et du deuxième plan et préfèrent employer un seul temps verbal du passé (passato prossimo ou imperfetto). Ces observations nous porteront à une discussion finale des configurations différentes de l'espace cognitive dans les langues.
- Autre